Coupe du monde : le scandale des sites de paris sportifs

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tangy71
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Coupe du monde : le scandale des sites de paris sportifs

Message par tangy71 »

Moins de 1 % des joueurs ont gagné plus de 1000 €. Et ils ne récupèrent pas toujours leur argent… 60 Millions décortique ce business florissant.


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 On connaît déjà les vainqueurs de la Coupe du monde de football 2022, qui se déroule du 20 novembre au 18 décembre : les sites de paris sportifs. Ils vont engranger un montant de mises sans précédent dans notre pays. Cette industrie connaît une croissance ahurissante de son activité : + 44 % en 2021, soit 8 milliards d’euros de paris.
Et le produit brut des jeux (c’est-à-dire les mises moins les gains reversés) a franchi pour la première fois le milliard pour atteindre 1,4 milliard d’euros.
Tous les écrans télévisés inondés de spotsTrès loin devant le turf et le poker, le pari sportif représente plus de 80 % des joueurs d’argent actifs en ligne. Fin 2021, on comptait 4,5 millions de parieurs (+ 16 % en un an).
La dépense moyenne a atteint 303 € (+ 25 %). Et le football demeure de loin la discipline reine du pronostic.

En 2018, en Russie, la Coupe du monde avait généré 700 millions d’euros de mises. « Cette année, elle se déroule durant une période commerciale particulièrement attractive, entre le Black Friday et les fêtes de fin d’année », observe-t-on du côté de l’Autorité nationale des jeux (ANJ), l’organe régulateur du secteur.
Les montants misés devraient exploser. D’autant que les opérateurs agréés vont submerger les écrans de leurs spots.
Les investissements publicitaires prévus dépasseront 255 millions d’euros selon l’ANJ, soit + 7 % par rapport à 2021… qui représentait déjà une année record.

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Les influenceurs s’en mêlent… et font parier les mineursPour cette édition, les plateformes ciblent encore et toujours la jeunesse des quartiers populaires, avec cette année un recours massif aux influenceurs stars des (très) jeunes sur TikTok, Snapchat, Twitch et Instagram.
Et ça marche : 10 % des 15-17 ans ont engagé au moins un pari en ligne l’an dernier, alors que c’est en principe interdit aux mineurs.

Cette stratégie consistant à draguer les moins de 18 ans a conduit l’Autorité nationale des jeux à retoquer la campagne d’un opérateur, Winamax, et à exiger, pour les autres, qu’ils modèrent leur charivari promotionnel. « Winamax cible trop les jeunes adultes, et le risque de jeu par des mineurs est réel.
C’est aussi une stimulation quasi permanente des joueurs, avec des partenariats problématiques »
, justifie l’ANJ.

Est notamment visé le spot « Tout pour la daronne », dans lequel on voit un jeune gagnant désigner à sa mère l’ascenseur de son immeuble qui l’emmène vers la classe affaires d’un avion ralliant une destination paradisiaque. Une référence claire à l’ascension sociale, grâce à des gains sans efforts.
Ce que combat l’ANJ. De plus, l’autorité déplore la présence, dans ce spot, du vidéaste Mohamed Henni, un youtubeur aux 1,85 million d’abonnés, qui accueille la « gagnante » avec un cocktail.
Pour les parieurs, beaucoup de mirages et peu de gainsLes plateformes font de plus en plus appel aux influenceurs, grassement rémunérés pour inciter leurs abonnés à jouer en faisant miroiter de gros profits… qui arrivent pourtant très rarement.
Selon une étude de l’ANJ sur la totalité des 4,5 millions de joueurs en 2021, seuls 27 500 ont gagné plus de 1000 €, soit moins de 1 %. Et ceux dont les gains ont dépassé 10 000 € ont été 1280, soit 0,03 % du total des joueurs.

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« Le pari sportif reste un jeu de hasard », rappelle l’Autorité. Si on a la chance d’être parmi cette minorité de gagnants, on devient alors une menace pour les bookmakers, et on court le risque d’être dépossédé de ses gains et de ne plus pouvoir jouer du tout. « Ils font la pub de ceux qui gagnent, mais, en réalité, ils bloquent lorsque cela arrive », résume amèrement Adil, limité sur plusieurs plateformes.
Dans une délibération de 2017, l’Arjel (ancêtre de l’ANJ) avait déjà constaté les « comportements suspects des opérateurs ayant tendance à limiter les joueurs qui gagnaient ou qui gagnaient trop ».
Ceux qui gagnent sont surveillés de prèsFan de foot, Julien a accumulé d’importants gains en peu de temps. Winamax lui a envoyé un mail : « Il est apparu que sur certains matchs, vous avez été en mesure de valider des sélections avec un avantage déloyal. Or, conformément à l’article 2.3 de nos conditions générales, Winamax se réserve le droit d’annuler tout pari pour lequel [le joueur] est suspecté d’avoir été placé avec un avantage déloyal ».

Julien avait misé sur une vingtaine de rencontres, dans sept championnats différents.
Il se sentait déjà surveillé. « Mes paris en cours de match étaient pris en compte entre dix et quinze secondes après le clic de confirmation ; je pense qu’ils étaient validés ou refusés manuellement par un de leurs employés ». Ce que confirme un trader : « On augmente le temps de validation du pari pour ce genre de client. »

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Selon nos informations, les grandes plateformes classent les parieurs par gains. Chez Winamax, il y a cinq catégories de clients.
Du vert clair, qui réunit les « meilleurs » (ceux qui perdent souvent et beaucoup) au rouge écarlate dans lequel apparaissent les quelques vainqueurs.

Même la Française des jeux (FDJ) a recours à ce type de pratiques sur son site ParionsSport. Alex y a travaillé comme trader durant près de cinq ans. « La FDJ a une équipe dédiée à la surveillance des gagnants, raconte-t-il. Nous sommes chargés de les flaguer [les signaler, NDLR]. » Interrogée, la FDJ explique que ce dispositif existe dans le cadre de « la lutte contre la fraude et le financement du terrorisme, la prévention du jeu excessif et pathologique ». Des arguments souvent avancés par les plateformes dans ces situations.
Ces gagnants qu’on refuse de payerAutre pratique déloyale, le changement de cote intempestif lorsqu’un joueur « signalé » s’engage. « J’avais plusieurs paris sportifs validés avec une cote à plus de 400, explique Cyprien. 
Sans raison, Unibet a baissé les cotes alors que les paris étaient validés. » Maître Mathieu Escande confirme : « On refuse de payer le joueur qui a gagné, sous divers prétextes, erreur de compte, de cotation… » Cet avocat a plus d’un millier de dossiers de joueurs ayant gagné parfois très gros, mais dont les montants et la faculté de jouer se trouvent bloqués.

Les sites se retranchent derrière les conditions de vente pour annuler des paris sans apporter de preuves de fraude, et le fait que les joueurs ne sont pas considérés comme des consommateurs.
Ils ont d’ailleurs attaqué une délibération du régulateur qui imposait le droit de la consommation aux jeux d’argent en ligne. 
Le Conseil d’État a confirmé, le 24 mars 2021, que les joueurs pouvaient bénéficier de la protection du code de la consommation.

En pratique, récupérer ses gains reste compliqué car certains sites sont à l’étranger, notamment à Malte.
Mais forte de la décision du Conseil d’État, l’Autorité nationale des jeux a convoqué les représentants de chaque plateforme avant la Coupe du monde.
Le régulateur a pu constater les blocages injustifiés et massifs de gagnants, y compris de ceux qui n’avaient saisi aucune instance étant donné la faiblesse de leurs gains.

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Des sanctions pourraient tomber« Nous sommes confrontés à des pratiques commerciales déloyales qui s’appuient sur des clauses abusives, assène Frédéric Guerchoun, directeur juridique de l’ANJ. 
Nous leur avons demandé de les supprimer au plus vite. Sinon, ils seront déférés devant la commission des sanctions. »

Et sur les publicités ciblant les mineurs, même menace. L’ANJ, avec l’appui de l’Autorité de régulation de la communication (Arcom), va cantonner le volume de publicités au moment de la Coupe du monde.
Elle va aussi contrôler si les opérateurs vérifient bien l’âge des joueurs, comme ils y sont obligés.
S’ils ne jouent pas le jeu, ils risquent une amende, mais aussi et surtout la suspension temporaire ou définitive de leur agrément en France. Or, pour continuer à gagner, mieux vaut éviter d’être expulsé…

60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS
          
                 
 
   
                     
                  
       

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