Nanoparticules dans les produits : fiasco sur les étiquettes

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tangy71
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Nanoparticules dans les produits : fiasco sur les étiquettes

Message par tangy71 »

L’étiquetage des nanos laisse plus qu’à désirer. C’est ce que révèle l’analyse de 23 produits par l’association de veille sur les nanos, Avicenn.

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Les nanoparticules dans les produits de grande consommation, c’est l’arlésienne !
Certains ingrédients sont pourtant présents sous forme de ces particules d’un diamètre inférieur à 100 nanomètres (nm), soit un dix-millionième de mètre.
Mais leur étiquetage [nano] est limité, à ce jour, à trois catégories de produits (cosmétiques, alimentaires et produits biocides).
Et il s’avère plus que défaillant…
 Pourquoi s’intéresser aux nanos ?
Leurs risques sanitaires et environnementaux sont mal connus, faute de données industrielles et scientifiques suffisantes.
Toutefois, on sait que, du fait de leur infime taille, ces substances peuvent traverser les barrières biologiques et se disperser dans le corps.
Or leur forte réactivité est susceptible d’entraîner des effets indésirables.
Ceux-ci peuvent varier en fonction des nanos, des doses, de la fréquence et des voies d’exposition (inhalation, ingestion, pénétration cutanée).

À LIRE AUSSI >>> Cet additif polémique que vous consommez sans le savoir

D’où l’importance d’avoir une idée des produits qui en contiennent pour évaluer le degré d’exposition de la population à ces nanoparticules.
Et pour une simple – et bonne – raison de transparence.
C’est tout l’objet de « En quête de [nano] », réalisée par Avicenn (l’association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanoparticules) : « Disposer d’une photographie renseignant sur “l’imprégnation nano” des produits de consommation courante en 2021-2022 ».
Des nanos non indiquées sur les étiquettesL’association a fait analyser 23 produits par le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), référent dans le domaine de la nanométrologie.
Tous ces produits n’affichaient pas de nanoparticules mais étaient susceptibles d’en contenir.

La présence de certains ingrédients (dioxyde de titane, oxyde de fer…) est en effet indicative, car ils sont souvent présents avec une proportion significative de nanoparticules. « Il s’agissait pour nous de mesurer l’étendue de l’utilisation de nanos “hors radar”, autrement dit non visibles pour les consommateurs », expliquent les auteurs de l’enquête.
Résultat : 20 produits sur 23 en contenaient sous forme nano (voir le diaporama en fin d’article).
100 % de silice dans les six produits alimentairesL’échantillonnage compte six produits alimentaires : la soupe déshydratée 9 légumes Knorr, la pâte feuilletée Tarte en Or – 30 % matières grasses Herta, le jambon Les fines et fondantes Aoste, le lait infantile Optipro 0-6 Mois Guigoz, le complément alimentaire Vitamine C Solgar, les croquettes pour chien Mini Royal Canin.

Tous ces produits contiennent des nanoparticules de silice.
Qui plus est, cet additif (E551) utilisé comme antiagglomérant est présent à 100 % sous forme nano (sous les 100 nanomètres de diamètre).
À titre d’exemple, un seul bol de soupe Knorr contient près de 40 mg de silice, ce qui représente des milliards de nanoparticules.

Mais, aucune des listes d’ingrédients de ces six produits ne mentionne la présence de silice – sauf la vitamine C Solgar, qui indique le dioxyde de silicium mais sans la mention [nano].
Les auteurs de l’enquête s’en étonnent d’autant plus que la mention de cet antiagglomérant était très courante il y a quelques années encore, en particulier dans les denrées en poudre (soupes déshydratées, sel, cacao, épices, etc.). Que s’est-il passé ?
Aucune mention de cet additif antiagglomérantLa législation autorise en effet les fabricants à omettre l’étiquetage des additifs dans deux cas : lorsqu’il s’agit d’un additif de transfert – c’est-à-dire présent dans un ou plusieurs ingrédients ayant servi à la fabrication de la denrée  – ou bien d’un « auxiliaire technologique ».

Dans le cas de la silice, elle a pu être utilisée pour favoriser l’écoulement des poudres lors de leurs conditionnement par exemple, à condition de représenter moins de 1 % du poids du produit.
Si ces exemptions sont donc bien légales, elles privent les consommateurs d’une information utile.
Comme le soulignent les auteurs, « sans mention de la silice dans la liste des ingrédients, c’est aussi la mention [nano] qui passe à la trappe… »
Du dioxyde de titane sous le filet de pouletToujours au rayon alimentaire, un autre type de nanoparticule a été détecté dans la lingette buvard placée sous l’escalope de poulet Le Gaulois.
Il s’agit de dioxyde de titane, toutefois en proportions bien plus faibles que les nanoparticules de silice.
Quant à savoir pour quelles propriétés il a été intégré à ce produit, nous n’en saurons rien : la marque n’a pas répondu aux questions d’Avicenn.

En revanche, on ne doit plus trouver de dioxyde de titane (E171) sous forme nano dans les aliments.
Jusqu’en 2019, les industriels l’utilisaient comme colorant blanc brillant, notamment dans les bonbons et gâteaux.
Mais la réglementation est passée par là. Depuis août dernier, en Europe, cet additif est interdit dans les denrées alimentaires.
Cosmétiques : des nanos non autoriséesLe dioxyde de titane reste autorisé dans les cosmétiques.
Des nanoparticules de dioxyde de titane ont été retrouvées dans les 6 produits testés : la poudre visage Light from Paradise (L’Oréal), le spray colorant pour cheveux Magic Retouch Blond (L’Oréal), le baume à lèvres Stick Vegan Naturally (Labello), la crème pour le visage BB crème 5-en-1 de Nivéa, le maquillage pour enfants Snazaroo et la crème défrisante pour enfant Dark and Lovely (Scalp-Care-Relaxer).

Tous utilisent le dioxyde de titane comme colorant, le CI77891.
Or le dioxyde de titane est autorisé sous forme nano uniquement quand il est utilisé comme filtre solaire (il est alors cité dans la liste d’ingrédient sous le terme titanium dioxide).
Aussi, aucune nanoparticule n’aurait dû être retrouvée.
En plus, trois produits contiennent aussi des nanobâtonnets d’oxyde de fer, un autre colorant (CI77491, CI77492, CI77499), pas davantage autorisé sous forme nano.
Le seuil de 50 % n’est pas (encore) réglementéSurtout, le taux de particules nano est particulièrement important : plus de 60 % de nanoparticules d’oxyde de fer dans le spray colorant L’Oréal, le baume à lèvres Labello et la crème pour le visage Nivéa. Le taux atteint même… 100 % pour les nanoparticules de dioxyde de titane dans la poudre pour le visage L’Oréal.

Or, si la présence de nanoparticules autorisées peut ne pas être mentionnée sur l’étiquette d’un produit cosmétique, c’est uniquement si le taux est inférieur à 10 %, ce qui correspond à une marge d’erreur involontaire de la part des fabricants. Plusieurs industriels arguent du fait qu’ils sont en dessous de 50 %, mais ce seuil n’a jamais été autorisé dans le règlement cosmétique.
En revanche, il est actuellement en discussion, sous la pression des lobbys
 Avicenn épingle au passage une incohérence : deux types de nanoparticules ont été trouvés dans le produit Labello (dioxyde de titane et oxyde de fer).
Or celui-ci possède le label Cosmos Natural, supposé garantir l’absence de nanomatériaux puisqu’ils sont interdits dans le référentiel Cosmos. 
Dans la catégorie hygiène, se méfier de l’argentCertains produits contenant des ions argent, utilisés pour leur propriété antibactérienne, en contiennent sous forme nano, sans que cela soit notifié sur l’étiquette.
C’est le cas de la brosse à dents pour enfants Signal (100 % sous forme nano) et des culottes menstruelles Intimewear de Nana où les nanoparticules d’argent sont fixées à la surface de particules de zéolithe. 

« Suite à notre alerte, le groupe Unilever, qui possède la maque Signal, a fait effectuer une analyse par un autre laboratoire sur l’ingrédient (phosphate d’argent) qui ne serait pas un nanomatériau suivant leurs résultats », souligne Avicenn dans son rapport. Nana, de son côté, a annoncé la sortie d’une nouvelle gamme de culottes menstruelles Intimewear sans particules d’argent au premier semestre 2023.
Masques et caleçons : des nanos non quantifiablesDans la coupe menstruelle antibactérienne Claricup de Claripharm, des particules d’environ 200 nm ont été identifiées mais des difficultés techniques ont empêché d’en déterminer la nature.

Quant au masque anti-covid Baccide, le boxer Supima (Uniqlo) ou le masque FFP2 (NextBW), des nanoparticules ont été identifiées (de dioxyde de titane, silice ou argent) mais en proportion non quantifiable.
Du Ti02 nano dans un médicament
Seul médicament de la sélection : les comprimés Xarelto 20 mg. Ils contiennent eux aussi des nanoparticules de dioxyde de titane et d’oxyde de fer.
Contrairement à l’alimentation, le dioxyde de titane est en effet autorisé dans les médicaments.
Et sans beaucoup de surprise, on le retrouve sous forme nano. Il est utilisé comme colorant et opacifiant.
Dans les loisirs créatifs et les peinturesPas trace de nanoparticules dans les deux coffrets de loisirs créatifs analysés, ni de dioxyde de titane, ni d’oxyde de fer, ni de silice.
Cela ne veut pas dire que cette catégorie de produits soit moins à risque. Mais c’est une bonne nouvelle.

Du dioxyde de titane sous forme nano a toutefois été repéré dans la peinture dépolluante Ondi Pur Velours Zoplan.
Comme dit précédemment, il est rare de ne pas trouver de nanoparticules dans du Ti02 pigmentaire.
Mais les nanoparticules trouvées étaient de « grosses » nanoparticules donc à la limite de la définition (95 nm au lieu de 100 nm) et la proportion n’a pu être quantifiée.
Vigilance sur la transparenceLe bilan que dresse l’association est sans appel : « l’étiquetage [nano] est éminemment défaillant.
La majorité des produits dans lesquels nous avons détecté des nanos sont couverts par l’obligation européenne d’étiquetage “nano” qui prévaut depuis près de dix ans pour les cosmétiques, les produits alimentaires, les produits biocides.
Les initiés savent que cette obligation a toujours été très peu respectée.
Nos résultats viennent confirmer cet état de fait et révèlent surtout l’ampleur du phénomène, qui montre l’impérieuse nécessité de renforcer les rappels de la loi, les contrôles et les sanctions par les autorités. »


Et ce besoin de transparence ne se limite pas à ces catégories de produits.
L’obligation d’étiquetage devrait concerner les catégories de produits non couvertes (médicaments, fournitures scolaires, textiles…).
Ce serait le seul moyen pour le consommateur de faire le choix du principe de précaution pour lui-même, s’il le souhaite.

60 millions de consommateurs
          
                 
 
   
                     
                  
       

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