Peintures d'intérieur : les bios sont moins vertes qu'on ne le croit

Règles du forum
  • Pour avoir accès à toutes les fonctionnalités du forum .
  • Demande d'aide demande de tutoriaux la fonction répondre et 1 accès aux pièces jointes
  • Il faudra passer par 1 inscription et 1 présentation merci
Répondre
Avatar de l’utilisateur
tangy71
Membre
Articles : 0
Messages : 2789
Inscription : 13 févr. 2020 14:41
    Windows 10 Chrome
A remercié : 2036 fois
A été remercié : 2410 fois

Peintures d'intérieur : les bios sont moins vertes qu'on ne le croit

Message par tangy71 »

Biosourcées, écolabellisées, dépolluantes… les peintures se serait-elles mises au vert ? Pas vraiment, si on en croit les résultats de notre essai.

Image

Pour repeindre un mur, voire un meuble, l’achat d'une peinture biosourcée ou dépolluante vous tente ? 
Ces qualificatifs peuvent laisser croire qu’elles sont meilleures pour la santé et l’environnement.
Mais ce n’est pas si simple. La promesse du biosourcé ne garantit pas l’absence de toxicité potentielle du produit final. Certes, il introduit du végétal dans les composants, mais pas à 100 %. De plus, le végétal peut,
lui aussi, être potentiellement toxique. 

Faut-il débourser plus pour des peintures plus écologiques ? Pour le vérifier, l’étude réalisée par l’Institut national de la consommation (INC, éditeur de 60 Millions), en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (Ademe), a passé au crible quatorze peintures blanches acryliques (dites à l’eau), sept satinées et sept mates. Nous avons inclus trois peintures biosourcées par catégorie, ainsi que deux dépolluantes (satin et mat).


Les biosourcées rarement 100% bioLes peintures biosourcées (5 % du marché français actuel) utilisent des végétaux dans leurs composants pour répondre à l’objectif de diminuer la part de la pétrochimie dans l’industrie. Mais leur étiquetage laisse encore à désirer. C’est surtout la résine des peintures qui est produite à partir de végétaux (algues, huiles transformées, amidon).
Ces peintures sont donc rarement 100 % bio. 

Pour en savoir plus, nous avons mesuré le taux de carbone biosourcé d’origine végétale qu’elles contiennent, afin de le comparer à leur teneur en “vieux” carbone d’origine pétrochimique.
On s’attendait à ce qu’elles contiennent plus de carbone récent venant des végétaux actuels.
Ce n’est pas toujours le cas : la Dulux Valentine satinée ne contient qu’un petit 2 % de carbone biosourcé quand la Natura satinée relève le niveau avec un 100 %. 

Le problème tient à ce qu’aucun seuil minimum de carbone végétal n’est fixé pour s’autoproclamer biosourcé.
Il est même possible, comme le fait Dulux Valentine, d’invoquer la présence réelle de végétaux dans sa chaîne de production, même s’il n’y en a presque plus dans le produit final. 
Pour améliorer cette situation, il faudrait que les fabricants affichent le taux réel de carbone biosourcé dans leurs produits sur l’étiquette. Une opération facile à réaliser et qui éviterait de tromper l’utilisateur. 
Des « dépolluantes » qui polluentSeconde appellation autoproclamée : dépolluante. Elle figure sur trois peintures de notre essai : la Ripolin satinée, l’Ondilak satinée de Zolpan et la Goodhome mate.
Cette mention signifie qu’elles sont capables de dépolluer l’air intérieur en détruisant certains composés organiques volatils (COV)

Ces peintures ne sont pas pour autant très écologiques.
Leur composition en carbone biosourcé est très faible, 1 %. Et selon la méthode utilisée pour dépolluer, elles peuvent in fine émettre des polluants.
C’est le cas de la peinture la plus chère des quatorze produits de notre banc d’essai, l’Ondilak de Zolpan, très mal notée en termes d’émission de COV.
La Goodhome et la Ripolin s’en sortent beaucoup mieux. 

En tout état de cause, il faut mesurer les COV émis par les peintures une fois appliquées car ils sont potentiellement toxiques pour l’organisme : affections respiratoires, troubles cardiaques, effets cancérogènes.
En sus des COV totaux, ont été mesurés 21 COV problématiques réunis sous l’appellation de substances indésirables : des aldéhydes dont le plus surveillé est le formaldéhyde, potentiellement cancérogène, des phtalates et des solvants. 

Sur les étiquettes ne figure que la teneur en COV contenue dans les pots et non la quantité émise dans l’air intérieur.
Pour celle-ci, la réglementation est assez laxiste : par exemple, le fabricant peut afficher la meilleure note, un A+, sur un pot si, entre autres, le niveau de COV totaux est simplement inférieur à 1 000 μg/m3 après 28 jours de séchage. 

Ce seuil ne garantit pas l’absence d’effets sur la santé : une peinture ne devrait pas émettre autant de COV après un séchage d’un mois.
Notre notation est bien plus exigeante. Elle attribue la note « Très bien » à des émissions vingt fois plus basses (50 μg/m3).
Nous mesurons aussi des émissions à trois jours trop importantes pour Dulux Valentine obtient de très bons résultats en COV totaux et en substances indésirables mais la Natura, bien que trois fois labellisée, est très mal notée sur ces deux tableaux : elle émet beaucoup trop de COV totaux (plus de 3000 μg/m3) et beaucoup trop de substances indésirables (22 μg/m3 de formaldéhyde) après 3 jours de séchage. 

Quant à la Ripolin biosourcée, qui dit capter le formaldéhyde, elle en émet, en fait, en continu, très faiblement, fort heureusement.
Parmi les mates biosourcées, la Tollens est très bien notée tant pour les COV totaux que les substances indésirables alors que l’Algo et même l’Unikalo, pourtant bien notée sur les COV totaux, émettent trop d’indésirables.
 Les labels ne sont pas non plus une garantie : l’Algo, à la fois biosourcée et pourvue de l’Ecolabel européen, émet trop de COV totaux à 3 jours (490 μg/m3 ).
Conclusion, il n’y a pas de corrélation entre biosourcé et émission de COV. Le fait de posséder de la biomasse végétale ne diminue pas les émanations toxiques après la pose.
L’une des raisons pourrait en être que la transformation de végétaux en résine peut potentiellement générer aussi du formaldéhyde qui se retrouve dans le produit final.
Autant de dioxyde de titane que dans les peintures normalesD’autres substances problématiques sont à surveiller : des conservateurs et le dioxyde de titane (TiO2 ).
Les conservateurs sont des biocides nécessaires pour tuer les bactéries et les champignons susceptibles de se développer dans les peintures à l’eau à l’intérieur des pots avant leur ouverture.
Problème, ils sont souvent composés d’isothiazolinones reconnus comme irritants, allergisants et très polluants pour le milieu aquatique. 

Pour cette raison, leur présence au-delà d’un certain seuil doit être indiquée sur l’étiquette, ce qui n’est pas toujours respecté, notamment par la Galtane et l’Algo.
Une raison possible : les fabricants achètent des mélanges comprenant déjà des conservateurs à des sous-traitants, sans vérifier nécessairement leur taux de biocides.
Parmi les peintures biosourcées, les satinées l’emportent cette fois car elles contiennent moins de thiazolinones que les mates.

Quant au TiO2 ajouté dans les peintures blanches, il y sert principalement de pigment.
Le TiO2 est en général agrégé en microparticules toujours susceptibles de se désagréger sous forme nanométrique quand la peinture vieillit, ce qui interroge en matière de protection de la santé et de l’environnement. 

Dans les peintures dépolluantes, le TiO2 est souvent ajouté sous forme nanométrique pour son effet photocatalytique : sous l’impact de la lumière du soleil, il détruit le dangereux formaldéhyde mais il peut aussi en produire à nouveau en cassant les molécules d’autres COV. L’utilité dépolluante du TiO2 est donc sujette à caution.
Il est présent dans les quatorze peintures de notre essai.
Sa proportion est en moyenne 30 % plus élevée dans les satinées que dans les mates. 
À nouveau, il n’existe pas de corrélation entre produit biosourcé ou labellisé et teneur en TiO2 : les peintures « vertes » ne contiennent pas moins de TiO2 que les autres.


Des labels sans garantieL’Ecolabel européen attribué à quatre peintures satinées et trois mates ne garantit pas leur supériorité.
Ainsi pour la pollution, chez les satinées, la Foxter sans label obtient les mêmes résultats que l’Inventiv labellisée et chez les mates, la V33 non labellisée fait même mieux que l’Algo.
Quant au label NaturePlus, censé reconnaître la qualité biologique d’une peinture tout au long de son cycle de vie, il est attribué à la Galtane qui ne contient que 8 % de carbone biosourcé.

Pour toutes ces peintures, biosourcées ou non, nous avons évalué la performance en termes d’application et de résistance au temps.
En moyenne, les peintures mates s’en sortent un peu mieux que les satinées.
Mais il n’y a pas, là non plus, de corrélation entre biosourcée et performance.
Les « vertes » ne sont ni plus ni moins efficaces que les autres.
 La facilité d’application se mesure essentiellement par l’épaisseur applicable sans coulures.
Elle est meilleure chez les mates qui sont moins fluides donc plus accrocheuses.
D’ailleurs, les trois mates biosourcées obtiennent la mention « très bien ».
En queue de peloton figurent la mate bon marché de Leroy Merlin et la très chère satinée dépolluante Ondilak de Zolpan. 
Le rendement souvent mésestiméConcernant le rendement, qui s’exprime en m2/l, il est, selon notre essai, bien meilleur pour les peintures mates, notamment les trois peintures biosourcées dont l’Algo, qui est la seule à obtenir l’appréciation maximale.
Mais la surface couverte effectivement par un litre de peinture est souvent bien différente de celle marquée sur le pot. 

Le rendement est en général sous-estimé par les fabricants (de 62 % pour la Goodhome), ce qui pousse à acheter plus de pots que nécessaire, sauf pour deux peintures : la satinée 4Murs qui le surestime de 27 % et la mate de Leroy Merlin, de 14 %. À noter que la Natura satinée est la seule à n’afficher aucun rendement.
Les fabricants devraient faire un effort pour que l’étiquetage corresponde au rendement réel, comme le fait à la perfection l’Unikalo. 

Au-delà du rendement, une peinture de qualité se doit d’offrir un bon pouvoir masquant.
Sans surprise, comme il est corrélé au rendement, le pouvoir masquant s’avère bien supérieur pour les mates avec, de nouveau, la biosourcée Algo en tête et la très bon marché Leroy Merlin en queue avec un très mauvais score de 7,1m2 /l.
La Foxter qui atteint le meilleur pouvoir masquant des satinées n’obtient que l’appréciation « acceptable ». 

Les trois peintures qui se revendiquent monocouches ne montrent pas un meilleur pouvoir masquant que les autres, sauf à nouveau l’Algo.
Donc, les mesures d’émission de COV devraient se faire systématiquement sur deux couches puisque la mention monocouche n’est pas une garantie.
Les peintures satinées un peu plus résistantesUne fois appliquées, les peintures résistent plus ou moins bien aux agressions extérieures mesurées en termes de résistance aux frottements et aux salissures.
Globalement les peintures satinées résistent mieux dans les deux cas car elles sont moins poreuses.
Mais la différence n’est pas flagrante pour la résistance aux frottements. 

Pour la résistance aux salissures liquides, que l’on mesure par la disparition de traces de feutre dix minutes et une heure après leur application, trois peintures satinées (4Murs, Zolpan et Dulux Valentine) font piètre figure. La référence 4Murs met pourtant en avant sa lessivabilité.
Quant aux peintures mates, elles affichent toutes un très mauvais résultat.

Les peintures subissent aussi les agressions du temps, sans se rider pour autant.
Certaines comme la satinée Natura, résistent mal aux UV. D’autres jaunissent bien plus vite même sans UV, dans l’obscurité : c’est notamment le cas des six peintures biosourcées qui obtiennent le plus mauvais résultat au test, l’Algo y compris.
Globalement, les peintures mates sont moins résistantes que les peintures satinées au vieillissement UV et au jaunissement dans l’obscurité.

60 millions de consommateurs 
          
                 
 
   
                     
                  
       

Avatar de l’utilisateur
Sandrinoo
Modérateur
Articles : 0
Messages : 2959
Inscription : 06 janv. 2020 13:29
    Windows 7 Firefox
A remercié : 3791 fois
A été remercié : 437 fois

Re: Peintures d'intérieur : les bios sont moins vertes qu'on ne le croit

Message par Sandrinoo »

:mrc:
Cdlt
Image

 

Répondre